Un petit mensonge pour une bonne cause
A l'époque les poules étaient encore en liberté dans la cour et les prés.
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Tous les après midi vers 16h30-17h00 (une fois le goûter terminé) ma grand mère faisait la distribution des graines pour la basse cour, pendant ce temps j'allais ramasser les oeufs pondus
dans la journée, je connaissais par coeur toutes les cachettes de ces dames.Mais depuis quelques jours le manège d'une grosse poule marron m'intriguait,elle venait picorer la nourriture avec les
autres et ensuite repartait en direction du verger, je l'ai donc suivie,elle se dirigeait vers une meule de fourrage ( mon grand père fauchait l'herbe sous les arbres fruitiers pour
nettoyer et permettre le ramassage des fruits , il disposait cette herbe coupée sur une sorte de meule qu'il appelait biquot ( petite pyramide faite de 3 piquets relies entre eux au
sommet , et écartés en partie basse, ce qui une fois remplie laissait un vide a l'intérieur) la fugueuse avait fait son nid dans cet espace et y avait pondu quelques oeufs qu'elle était en train
de couver. Je devais prévenir ma grand mère de ce fait, mais un remord me saisit , ses oeufs allaient êtres détruits et cette pauvre volaille mise en quarantaine dans une cage pendant
quelques jours pour lui faire passer ses envies d'être mère . J'ai donc décidé de ne rien dire et de la nourrir en cachette, en disposant autour de la meule dans une vieille gamelle en
fer (des graines chapardées dans le coffre a grains ) ,et dans une autre gamelle de l'eau.
Quelques semaines plus tard , une petite famille composée d'une mère poule et d'une douzaines de petits poussins piaillant ,s'est présentée dans la cour de la ferme où elle a été bien volontiers
acceptée.
J'étais fier de moi pour ces naissances ( mais beaucoup moins fier de l'avoir caché à ma grand mère)
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le cortège
Durant ma petite enfance,vers 2-3 ans.
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Je voyais parfois mes grands parents s'habiller de noir et descendre dans le pays (des que les cloches de l'église se mettaient a sonner),
j'attendais leur retour devant les grilles de la cour car j'avais remarqué que lorsque les cloches sonneraient de nouveau ,je verrais apparaître, remontant la rue de l'église et passant ensuite
devant la maison ,un cortège où un cheval attelé tirait un carrosse noir avec des lettres dorées sur les cotés et rempli de bouquets de fleurs a l'arrière,tout le village vêtu
également de noir , marchait en file indienne silencieusement derrière , il tournait ensuite à gauche sur la route nationale en direction de villeneuve l'archevêque pour aller dans je ne savais
quel endroit secret.
j'ai su plus tard la réelle destination de ce triste convoi et là je me cachais pour ne plus le voir passer
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les vachettes
Après avoir arrêté leur exploitation mes grands parents pour faire un complément à leur mince retraite ont élevés ( dans les prés autour de la maison) et pendant quelques temps des génisses
qu'ils revendaient l'année suivante à des marchands de bestiaux (qui les plaçaient ensuite dans différentes fermes où elles deviendraient vaches laitières).
C'était une joie le soir venus d'ouvrir les portes en bois séparant la cour et le pré , pour faire rentrer à l'étable ces petites vaches,elles arrivaient en courant depuis le fond du pré d'où
l'idée que mon frère et moi avions eus de nous transformer en toréador.
A l'aide d'un grand foulard rouge chipé à notre grand mère nous excitions les vachettes en leur criant "olé taureau-olé taureau "comme elles étaient très joueuses elles nous
fonçaient dessus et nous nous esquivions et nous cachions derrière les portes de l'écurie de la grange ou du fournil comme de vrais toreos ( heureusement elles n'avaient pas encore de cornes mais
pesaient quand même 200 a 300 kg) notre corrida a duré un petit moment jusqu'à ce que ma grand-mère et ma mère nous ayant vu horrifiées depuis les fenêtres de la cuisine nous fasse cesser
sur le champ cet inter ville inter-cour.
Privées de jeux les vachettes sont rentrées dans leur écurie et nous à la maison .
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Michel LECOURTIER